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Pourquoi le confinement, en général et plus particulièrement en France, met-il les gens aussi à genoux ? Il y a un profond malaise qui traine, une espèce de stress « social » qui grignotte l’énergie en permanence.
Selon nous, il y a des causes évidentes, c’est multi-factoriel. Nous allons essayer de les lister de manière exhaustive. Les connaître et les conscientiser, c’est le minimum nécessaire pour agir dessus, quand c’est possible.
Cela dit, pour nous ces causes évidentes ne font que gratter la surface. Il y a aussi une cause très simple mais loin d’être évidente car c’est un tabou social qui remonte à la naissance de la civilisation.
Arguments évidents
Partons du principe que nous ne vivons pas tous pareil le confinement, et essayons de rassembler les maux et conséquences qui découlent de ces situations différentes.
« De l’avis général, le confinement agit en effet comme un catalyseur. Dans les familles, au sein des couples ou chez les célibataires, ce huis clos imposé est l’occasion d’un retour sur soi, parfois étonnamment bénéfique, d’autres fois plus douloureux, voire franchement angoissant. Beaucoup se retrouvent face à eux-mêmes et à leur inconscient, qui parfois les déborde, notamment au travers de leurs rêves. »
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Certaines personnes ont légitimement peur. Soit directement pour elle, soit pour des proches. Les personnes vulnérables se sentent directement menacées, par une maladie invisible. Le manque de moyens criant, le nombre de cas qui augmente malgré les mesures… Pour les vulnérables il ne faut surtout pas tomber malade, car si la maladie se déclare, après c’est « la loterie de la réanimation ».
Pour les valides un tant soit peu empatiques, en plus de la peur de tomber malade, il y a la peur et la culpabilité anticipée de transmettre aux vulnérables ou à ses propres proches, qui pourraient tomber malade ou transmettre.
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une bonne partie de la population en chie vraiment. Et les mots sont faibles. Certain⋅e⋅s peinent à se nourrir, d’autres sont dans des espaces plus qu’insalubres les un⋅e⋅s sur les autres. S’ils ne sont pas encore dans la rue, c’est probablement par peur de se faire tabasser par les « services d’ordre » de plus en plus violents et complètement arbitraires. Les pauvres prennent la crise et le confinement de plein fouet, bien plus que les riches.
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l’action sociale – les éducateurices spécialisées – est aussi sous-pression que l’hopital. À côté de ça, les jeunes, les cités, les quartiers sensibles d’une manière générale, sont complètement abandonnés. Plus rien ne fait tampon pour absorber leur colère – parfaitement légitime, par ailleurs.
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une grande partie de l’action associative est à l’arrêt car elle est mue en temps normal par les retraités, maintenant vulnérables. Cette action associative joue le rôle de tampon et pallie tous les manques de l’action gouvernementale et politique en direction des précaires et laissées pour compte. Ces dernières en prennent donc encore plus plein la gueule puisque les dispositifs de compensation et de colmatage ne fonctionnent plus.
Peur, tensions, colère et rage, angoisses, traumas en grand nombre… Et donc beaucoup, beaucoup de stress, incluant des syndromes de stress post-traumatiques, à l’échelle individuelle et à de nombreuses echelles collectives.
Ce stress se transmet de proche en proche et s’amplifie, à travers les gens qui se voient encore ou se parlent par téléphone, et à priori personne n’arrive à rassurer personne car la plupart des gens ont déjà atteint un niveau de stress qui dépasse leurs seuils.
Certaines personnes – la plupart, en fait – « prennent » ou reçoivent le stress des autres, donc une sorte de « double couche ». Souvent elles n’en sont pas conscientes. Nous pensons aux enfants, mais aussi à d’autres personnes qualifiées d’hypersensibles.
Continuons les arguments :
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Beaucoup n’ont aucun moyen de compenser ou adresser leurs angoisses : même aller voir un⋅e psy est devenu risqué. Un stress non « résolu » (écouté, accueilli, appaisé avec ou sans accompagnement) est stocké dans notre mémoire, et grandit. Les stress suivants viennent s’ajouter et le rappellent – en termes de mémoire émotionnelle, c’est ça qui le fait grandir et devenir petit à petit ingérable.
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Pour celleux qui avaient encore les moyens de compenser leurs angoisses, les objets « pas de première nécessité » – donc tous les produits de « compensation » de malaise – sont plus difficilement accessibles. Plus d’achats compulsifs, ou plus difficilement.
Même quand Amazon continuait de fournir, la livraison était plus lente. Maintenant ils n’ont plus le droit de livrer que des produits essentiels et ont même fermé les entrepôts temporairement. Les malaises ne peuvent plus être compensés par des achats, ou alors c’est entravé.
Maintenant, les flics verbalisent les gens qui se payent des produits « compensatoires » :
Si c’était le moyen de nous faire payer, encore et encore, leur absolue incompétence de dirigeants? De l’argent magique.
Et puis on ne serait plus libre d’avoir des préférences, des addictions, des plaisirs.
Le jack pot. La double soumission.
Or les achats sont la voie [libérale] et le choix politique occidental pour répondre aux besoins non-comblés et aux désirs frustrés.
Sans ça, chacun⋅e se retrouve face à ses émotions, face à sa situation, sans possibilité de fuite, et absolument pas outillé pour l’apréhender, puisque ni l’école ni « la famille » en tant qu’institution n’éduque à la gestion de ses propres émotions ou celles des autres. Pour beaucoup de gens, l’absence de compensation par l’achat est forcément encore générateur de stress.
Donc des classes qui pouvaient encore « compenser » ne le peuvent plus. De là à dire que l’argent ne sert plus à rien… On n’en est pas encore là, mais il n’est plus possible d’acheter de nouvelle voiture. Le stress « social » gagne petit à petit les classes moyennes, qui sont d’habitude utilisées pour aider les dominants à dominer. Il est « monté d’une classe », et ne concerne plus seulement les pauvres, les banlieues, les racisé⋅e⋅s, les femmes et les enfants, classes qui sont elles encore plus maltraitées.
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Dans les classes moyennes, à part les gens qui s’aiment vraiment réciproquement qui ont pu se retrouver ensemble, beaucoup de personnes se retrouvent avec d’autres avec qui ielles n’ont pas envie d’être. Les femmes battues avec leur conjoints violents, les enfants battus ou maltraités psychologiquement avec leurs parents maltraitants… Et même les parents qui n’ont pas envie d’être avec leurs enfants.
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nos relations bénéfiques sont malmenées, ou coupées. Nous ne pouvons plus voir les personnes avec qui nous sommes bien, qui nous font du bien, ou à qui nous faisons du bien. Toutes les relations extra-familiales – amant⋅e⋅s, ami⋅e⋅s, copains de débrouille, potes de quartier – sont interdites car non-considérées « de nature familiale impérieuse ».
Mais c’est un problème de fond, car l’être humain est un animal social. Dans toutes les classes sociales, ces relations maintenant interdites sont ce qui permet de bien vivre les situations difficiles – qui sont permanentes dans notre société.
Toutes ces relations « hors-famille » sont donc impérieusement nécessaires au bon équilibre de la société, et donc par ricochet des institutions républicaines ultra-normées [et totalement à bout de souffle] que sont « le travail [salarié] » et « la famille [nucléaire] ».
En empêchant ces liens là, en forçant les gens (adultes, enfants) à vivre en familles « de sang » ou en familles « légales », ou tous⋅tes seul⋅e⋅s, les gouvernants brisent toutes les familles de cœur, celles que les gens se sont choisies pour se sentir bien.
Empêcher ces relations, qui dans beaucoup de cas sont inconsciemment nécessaires, vitales c’est augmenter énormément le stress, les angoisses, les états dépressifs, pour diverses raisons. Les membres elleux-mêmes de ces relations ne se rendent souvent pas compte à quel point elles sont importantes pour leur bonne santé mentale ou pour l’équilibre de leurs autres relations.
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Celleux qui travaillent encore, à distance ou sur site, ont des relations « forcées » avec leurs managers, leurs clients et leurs fournisseurs. Quand c’est sur site, les conditions sont très souvent anxiogènes car les gestes barrière ne sont pas présents, il n’y a pas de masques, etc. Ce sont des relations qui par expérience depuis deux cent cinquante ans sont loin d’être aussi épanouissantes que les relations authentiques de nos familles de cœur.
Un partie de la population se retrouve donc non seulement coupée de relations bénéfiques, mais forcée à maintenir des relations délétères, dans lesquelles le stress social transpire forcément. Une sorte de double peine.
Rappelons que 80% du cerveau est lié de près de ou de loin aux relations ou à leur « gestion ». Empêchez les « bonnes relations » de fonctionner, et rendez les relations toxiques obligatoires… Nous ne sommes pas divinateurs, mais ça ne semble pas bon. Les circuits de la récompense et les zones du plaisir ne vont pas beaucoup s’activer.
Ce que ça signifie concrètement, c’est par exemple pour les enfants un mauvais développement cérébral accentué par le confinement. Pour les adultes, l’endommagement à terme de certaines zones cérébrales – trop de cortisol.
Il y a très probablement d’autres arguments. Étant centrés sur les relations, nous ne développerons pas plus pour l’instant.
Réactions face au stress et connexions grégaires
Face à une situation de stress, trois réactions sont programmées dans le monde animal (donc chez les humains aussi) :
- la fuite. Elle est impossible pour l’écrasante majorité des personnes. Seuls quelques nantis ont fui la capitale pour aller se cacher dans leurs résidences secondaires ;
- l’attaque, qui ou quoi attaquer ? C’est hors de propos, face à un virus… Les seuls responsables qui devraient être attaqués sont les ultra-riches et la classe politique, et ils sont protégés par la police et l’armée. Donc impossible aussi.
- ne reste que la sidération, qui mène au sentiment d’impuissance lorsqu’aucune autre réaction n’est possible.
On peut nier la sidération et l’impuissance, les mettre sous le tapis en regardant des séries (quand on peut…), mais la question reste « quand et comment tout ceci sortira ? »
Nous pensons que tous les humains sont maintenant connectés. Nous ne parlons pas de « connexions spirituelles » et autres foutaises philosophico-religieuses, mais de réalité : la société civilisée-occidentale entière est inter-connectée à travers des réseaux d’interdépendances : pour l’approvisionnement de la nourriture, la construction des logements, et tous les produits ou services en général.
Avec la division du travail et la spécialisation, chacun des maillons dépend d’autres, qui sont tous dépendants de multiples autres.
Dans un contexte de pandémie, toutes les émotions que nous avons déjà évoquées, le stress, les peurs, les colères, l’injustice, etc se transmettent de proches en proches par tous les moyens (appels téléphoniques, tons dans la voix, rythmes de respiration, langage corporels, encore plus que le langage verbal).
Par exemple les forces de l’ordre au contact des précaires transmettent à leurs familles (donc classes moyennes) qui transmettent à leur tour. Ce stress « tourne » et se répand, principalement de manière inconsciente.
Le stress devient collectif, le trauma aussi, et tout ou partie des PTSD affecterons une grande partie de la société, même si c’est de manière inconsciente.
La société entière est connectée, d’une manière ou d’une autre, aux difficultés de « ses classes les plus basses », et de toustes celleux qui souffrent en général.
Les dominants se pensent probablement à l’abri de tout cela. Mais toutes ces sources de stress ne sont qu’une, dans cette société dont nous sommes tous membres. Leur mépris, affiché indirectement dans les médias, nourrit la grogne.
Notre argument, tabou social
Pour comprendre cet argument, il nous semble nécessaire de rappeler la position du – ou des – gouvernants dans son ensemble. Nous assimilons la police au gouvernants car elle est leur bras armé. Les actes policiers découlent des décisions des préfets (donc l’État) qui prennent leurs ordres au ministère de l’intérieur, lui-même à l’Élysée. Nous résumons cette position dans les points suivants :
- ne pas suivre les recommandations médicales et scientifiques des épidémiologistes, ni même de l’OMS (pas de tests, confinement trop tard, pas ciblé, etc), foirer les tests,
- ne pas avoir préparé le terrain alors que ça fait des années que les scientifiques alertent sur les dangers d’une pandémie dans une économie mondialisée,
- décider ou agir avec beaucoup de retard, et de manière désordonnée, brouillonne, erratique,
- justifier toutes les décisions (et leur contraire) par « c’est pour votre sécurité », « nous savons ce que nous faisons », « obéissez ! »,
- mentir ; « nous ne savions pas que c’était grave », alors qu’en fait si.
- mettre l’accent sur la repression (amendes « progressives », aucune tolérance, tabassages ou harcèlement, cf. notes précédentes),
- Mettre en place des aides d’urgence pour tout le privé (entreprises, banques…) dont une bonne partie qui n’en a pas besoin – les dividendes ne font qu’augmenter depuis 2009, l’argent est bien quelque part – et s’en remettre aux actions privées pour aider les soignants que l’on se cantonne à traiter de héros – comme si c’était suffisant.
- choisir sciemment de ne pas allouer de nouveaux crédits aux hopitaux, après les avoir détruits pendant des décénies, et ne pas aider du tout les personnes ou groupes précaires les plus touchés par les conséquences du confinement,
- Sortir du confinement trop tôt ; En choisissant de ré-ouvrir les écoles, au pire juste favoriser l’économie au prix de nombreux morts, au mieux tabler sur l’immunité de groupe en passant par les enfants – et sans le dire.
Ce qui revient respectivement à :
- ne pas faire ce qui est bon pour nous,
- être inconscient et irresponsable,
- faire montre d’incompétence et de négligence,
- clamer « c’est pour ton bien ! »
- mentir
- punir (= aggressivité, violence)
- aider ceux qui n’en ont pas besoin, les « enfants gâtés », et enrober le tout d’un « débrouillez-vous tous seuls pour réparer nos conneries », donc être lâche, se défausser de ses responsabilités.
- laisser pour compte celleux qui le sont déjà, et ne pas corriger le tir – perséverer dans sa connerie – donc être au mieux négligent, au pire malveillant,
- Prendre des décision dangereuses, autrement dit non seulement ne pas faire ce qui est bon pour nous, mais carrément faire ce qui est mauvais pour nous.
Nous passons très vite sur l’analyse politiciennement politique de cette situation : par exemple « privatiser les profits, nationaliser les pertes », détruire les services publics et faire appel au privé / citoyen pour sauver la mise, supprimer l’ISF, ne pas lutter contre l’évasion fiscale (=fraude) et acclamer quand les évadés se mettent à fabriquer du gel hydro-alcoolique… Tout ceci a déjà été traité dans de nombreux média, et de manière relativement exhaustive.
Nous en venons à l’argument le plus important pour nous dans le générateur de stress et de malaise du confinement ; l’argument qui amplifie tout ceci, qui le décuple à un point inimaginable d’un point de vue individuel mais aussi collectif dans son ensemble.
Nous parlons de l’argument relationnel (émotionnel). Celui-ci est tout aussi politique sinon plus. Il mobilise les ressorts les plus profonds de nos histoires personnelles et sociales et de nos inconscients individuels et collectifs, pour celleux qui ne l’ont pas conscientisé, c’est à dire 99% des gens qui sont dans le déni total du réel, passé comme présent, et de ses conséquences.
Cet argument nous semble décomposable en deux parties distinctes pour en prendre toute la mesure :
Les gouvernants se comportent avec les gouvernés comme les plus mauvais parents avec leurs enfants.
Nous faisons le parallèle entre l’attitude des gouvernants – et particulièrement les gouvernants Français – et l’attitude des plus mauvais parents dont « l’éducation » est empreinte de violence éducative et de maltraitance.
- prendre les citoyens pour des imbéciles incapables en les infantilisant au maximum,
- leur faire porter toute la responsabilité de la transmission de la maladie et des actions de soins directes et indirectes (donc se défausser de ses responsabilités de gouvernant),
- les punir de manière arbitraire pour une situation et des actions qui ont été rendues nécessaires / obligatoires par ces mêmes gouvernants et les précédents,
L’attitude du gouvernement – et de toute forme de gouvernement en général – est néfaste aux citoyens. Ce n’est pas en les considérant comme des imbéciles que les citoyens seront plus automes. Au contraire. C’est une combinaison des variantes politiques des effets Golem et Barnum, et le corrolaire de l’effet Matthieu (ou une combinaison des trois).
Les actes et paroles des gouvernants nous ramènent à notre propre enfance et aux maltraitances que nous avons subi
Et c’est pour nous la clef de compréhension de l’amplification du stress et du malaise lié au confinement.
Celui-ci est pour chacun⋅e de nous, quasiment la totalité de la population sans exception, une mise en abîme de notre propre enfance.
Partant du principe que chaque nouvelle situation – similaire dans ses conditions – rappelle une émotion enfouie dans notre mémoire liée à une situation non résolue de l’enfance, l’attitude des gouvernants nous rappelle toutes les situations de violence éducative de notre enfance, elles-mêmes déjà en résonance dans toutes les situations difficiles de notre vie d’adulte.
Nous sommes en pleine boucle de rétro-action négative (un mille-feuilles, en fait), maintenue de force (donc ajout du sentiment d’impuissance) et sans date de sortie (désespérance, dépression). Les actes, décisions et paroles de nos gouvernants étant ce qu’elles sont (lâches, irresponsables, etc), s’ajoute un fort sentiment d’injustice.
La situation de chacun⋅e d’entre nous, à l’échelle individuelle mais aussi à l’échelle collective – et c’est cela qui est nouveau – rappelle des émotions dégueulasses et des situations horribles de notre enfance, à divers degrés.
Les pauvres sont encore plus mal lotis puisqu’ils sont forcés d’aller au front pour pouvoir manger et survivre dans des conditions précaires et surchargées, alors que les bobos sont tranquilles en télétravail et continuent d’amazoner dans leurs grands appartements ou maisons avec jardin/potager.
Ne parlons même pas de celleux qui n’ont pas de quoi manger ni d’habitat.
Des situations de stress et peurs intenses, d’angoisses, de sidération ou d’empêchement physique de se sauver nous-mêmes (enfants battus, fouettés, enfermés) ou de sauver une ou plusieurs personnes aimées (la mère battue ou ses autres frères et sœurs pour certains enfants, les enfants prisonniers de leur parent maltraitant pour les parents bienveillants mais vulnérables au covid-19).
Nous citoyens, sommes infantilisés au plus haut point. Les gouvernants ne nous font absolument pas confiance pour être responsables et nous auto-gérer.
Dans cette situation, il est parfaitement normal que certains citoyens fassent n’importe quoi : c’est exactement ce que les gouvernants croient que nous allons faire. Tous les effets déjà cités s’appliquent. C’est scientifiquement et statistiquement démontré. Les citoyens ne sont pas à blamer. Les gouvernants, oui. En tant que gouvernants, tout ceci est leur responsabilité directe. S’ils n’en voulaient pas, il fallait ne pas être gouvernants.
De même que l’éducation violente des enfants est la responsabilité seule des parents. On pourrait dire « s’ils ne voulaient pas d’enfants, il ne fallait pas en faire », mais ça serait beaucoup trop simpliste car ça masquerait les ressorts structurels en jeu, notamment la pression sur les femmes.
Maintenant, la seule chose saine à faire pour que tout puisse finir par se résoudre un jour et l’humanité dans son ensemble s’apaiser, c’est d’assumer.
Gouvernants, vous avez choisi de gouverner, et avez choisi que « gouverner » était la seule voie possible, et vous continuez de nous l’imposer par la force et la violence. Vous et vos prédécesseurs allez devoir assumer. Pour l’instant, le quatrième commandement et l’héritage judéo-chrétien de culpabilité vous protège. Mais pour combien de temps ?
Soit tout ceci est adressé, soit ça va encore s’enfouir dans nos corps et nos mémoires, jusqu’au prochain rappel. Qui demandera encore justice, de manière toujours plus forte.
Ce prochain rappel pourra être à l’échelle individuelle (par exemple au travail), où une personne vivra une situation qui lui rappellera émotionnellement le confinement qui lui a déjà rappellé [etc, etc]. Le risque de « complètement péter un câble » de manière disproportionnée augmente avec le temps qui passe et le nombre de répétitions.
Il pourra aussi être à l’échelle collective, comme la répression du mouvement des gilets jaunes leur rappelle forcément inconsciemment la maltraitance parentale. Pour l’instant la seule chose qui retient les GJ de tout brûler, c’est le quatrième commandement de la bible, réincarné dans l’article 373 du Code Civil. Pour l’instant le « respect » – la crainte, en vrai – de l’autorité est encore plus forte.
Mais les plus jeunes générations n’ont aucune honte à ne plus pardonner les maltraitances de leurs parents, à ne leur témoigner aucun respect. La culpabilité de dire « je n’aime pas mes parents, ils m’ont fait trop de mal » s’amenuise au fil des générations, et d’autant plus que la pression sur les enfants est de plus en plus forte.
D’un point de vue individuel et collectif, c’est un réel espoir.
C’est une réaction saine à une situation malsaine qui se répète depuis cinq mille ans.
Au passage, les gilets jaunes, avec le confinement, en prennent une double couche puisqu’ils se sentent d’autant plus muselés que « le confinement tombe vraiment très bien pour nos gouvernants » de ce point de vue.
L’issue du confinement, quand elle se produira d’une manière ou d’une autre (temporaire ou définitive), risque fort d’être accompagnée de nombreuses décompensations.
À l’échelle individuelle, c’est très triste pour les personnes qui vont encore en souffrir. À l’échelle collective, ça reste alarmant pour les mêmes raison, mais aussi très enthousiasmant pour tous les changements que cela pourrait faire advenir.
Au vu des souffrances inconscientes accumulées, les « réactions » ou décompensations risquent fort d’être imprévisibles (donc inanticipables d’un point de vue des gouvernants). C’est encore alarmant car « en prévision de n’importe quoi » le stock de LBD 40 va encore augmenter, mais c’est d’autant plus enthousiasmant que la diversité des réponses et solutions sera probablement intraitable à coup de grenades et d’armées.
Que va faire le patronat quand le dépistage massif et les quarantaines seront mises en place ? Forcer les pauvres à aller travailler en étant porteur du SARS-Cov-2 ? Renforcer encore plus leurs contraintes ? Ya ptèt un moment où ça va péter, non ?
Que va faire l’armée quand les gens vont « se lever et se casser » en masse ? Les forcer à rester chez eux ? Beaucoup y sont déjà. Si les ouvriers sont contraints de rester chez eux, l’économie va pas aller beaucoup mieux. On va faire quoi, réquisitionner les classes moyennes pour leur faire faire le boulot des ouvriers ?
Quoi qu’il arrive, ça promet.
« Beaucoup de mes patients développent des interrogations profondes, sur le sens de la vie et l’organisation économique ou politique de la société », ajoute [la psychologue]. « Ils s’interrogent beaucoup sur leur manière de consommer et se rendent compte qu’ils peuvent être relativement épanouis sans tous les besoins de consommation après lesquels ils courent habituellement », constate-t-elle.